L'origine du Gwo Ka remonte en Guadeloupe au temps de l'esclavage au début du XVIIIème siècle.
Les recherches musicologiques permettent aujourd'hui de trouver les racines du Gwo Ka dans les percussions et dans les chants des pays de la côte ouest du continent africain (Golfe de Guinée, ancien royaume du Congo...).
A partir des musiques et des danses extrêmement riches et diverses de leur pays d'origine, les esclaves ont élaboré un outil de communication, un art nouveau (au même titre que le créole) : le Gwo Ka.
Ce genre musical se caractérise par une typologie africaine :
- forme répétitive,
- l'improvisation,
- les mouvements physiques de danse liés à la musique,
- les réponses entre un soliste et le choeur,
- la syncope sur les temps faibles.
Les influences (mode de vie et genre musical) du "maître" se sont greffées à cette base (phénomène de créolisation), pour donner les sept rythmes ou danses que nous connaissons : le Lewoz, le Mindé, le Kaladja, le Grage, le Roulé, le Granjanbel (ou Kagenbel) et le Toumblak.
Le Lewoz est un rythme guerrier, il rythmait les attaques de plantations, mais aussi une danse incantatrice.
Le Kaladja symbolise la lutte en amour.
Le Kagenbel est une danse de la coupe de la canne.
Le Toumblak, comme le Kaladja, reprend le thème de l'amour, la danse du ventre, la danse de la fertilité, de la terre.
Le Grage accompagne les travaux de production agricole (ex : le grage manioc, le jardin, la cueillette).
Le Roulé est la "valse créole" pour charmer et singer le blanc.
Le Mindé serait le dernier rythme arrivé au pays avec la venue des congos sous contrat après l'abolition. Il symbolise le carnaval, la fête collective.
Il y a six rythmes différents dans le Mindé. A ce jour, nous n'en connaissons que trois (le Mindé même, musique à mass à Kongo et un dérivé du Mass à Saint-Jean).
Ce rythme, au dire de Monsieur Henri Delos, se jouait avec des baguettes.
L'origine du mot Ka ou Gwo Ka demeure très ambigüe.
Il viendrait d'un quart de tonneau qui servait au transport de la viande (quart de salaison), ou serait la forme francisée de goka nom troqué du tambour N'goka que l'on retrouve dans le haut Dahomey et en Angola : en créole les Ka.
On retrouve le mot Ka et Gwo Ka avec peu de variantes à la Nouvelle Orléans, en Haïti, à Cuba et aux Iles vierges.
Historiquement lié au système de la plantation, le Gwo Ka était une culture, de même que la manifestation Sware Lewoz, exclusivement rurale. La musique Ka s'est adaptée au milieu et était présente dans tousles actes de la vie quotidienne (comme en Afrique) naissance, mort, gîte, révolte, tâches journalières, romances etc...
C'est pourquoi on peut répertorier différents types de chants ou styles gwo ka.
- Les chants du travail
Celà s'appelait Kannida, chant à konwa, chant à labour, introduits pendant la période esclavagiste afin d'accroitre la productivité ("damné la Ri", "saklé té", "chanté la vwa bef", pour silloner un terrain - chanté "siyed long" scieurs de long).
Tous ces chants ont disparus de nos jours, sauf à Marie-Galante où persistent quelques chants.
- Les Lewoz
Moment de rassemblement de la communauté dans un but social, de réflexion, identitaire et économique. Une swaré lewoz était le moment privilégié de communication, d'échange et de détente entre les gens.
A l'origine, le lewoz était organisé par des sociétés secrètes avec une organisation stricte, comme en Afrique de l'ouest, en Haïti ou à Cuba. (En Haïti, cela a donné le vaudou, au Brésil le Coudomblé, à Cuba la santeria et la kumba).
(Typique de la région de Sainte-Rose, Bouillante, Lamentin).
- Le Lewoz au commandement :
Avec un commandeur qui "gérait" les couples de danseurs à la manière du quadrille, système figé, tombé dans l'oubli depuis de longue date.
- Les veillées :
Il n'y a pas d'instrument, mais la musique est rythmée vocalement par des onomatopées appelées boulagel, banjogita, sonora-waka.
Robert Loyson en 1964 a été le premier à avoir chanté des veillées au tambour.
Le rythme unificateur est le "boula noir" ou toumblack. Ce style est présent surtout en Grande terre, dans les Grands Fonds.
- La Bamboula, ou amusement, danse du Dimanche, de fête de commune.
Syle réglementé par les maîtres à l'origine car le gwo ka a subi beaucoup de vicissitudes, de restrictions par crainte d'un langage qu'ils ne maitrisaient pas.
Alors, ils autorisaient les fêtes "gentilles" du dimanche; (c'est probablement ce qui a donné la Biguine ou le quadrille, qui sait?).
De nos jours, il faut souligner l'apport des travaux de Gérard Lokel, au même titre que Guy Konket, Loyson, ou Vélo.
L'esprit d'innovation et d'ouverture qui a tracé de nouvelles voies au gwo ka devrait favoriser le développement de cette musique.
La danse est étroitement liée à la tradition musicale. Musique des tambours et chants pour les danses de léwoz, musiques orchestrées, pour les quadrilles, la mazurka, la valse créole et la biguine. Parmi ces danses, la plus enracinée est celle qui se pratique sur les rythmes du Ka, danses rituelles, de fertilité agraire etc.
Il faut souligner ainsi la naissance de la "brisquante", favorisée par des musiciens comme Vélo.
Il faut aussi savoir que le gwo ka est à la fois le genre de musique, le chant et la danse.
Il y a deux types de tambours ka : les "boula", tambour basse sur lesquels sont frappés les rythmes de base et dont le nom viendrait du mot m'bula, nom générique de certains tambours bantous (ça a aussi donné bamboula, danse des esclaves Haïtiens) ; les "maké", le marqueur, au son plus aigu et destiné à l'improvisation.
Un bon maké n'est pas facile à fabriquer. On dit que le boula est fabriqué à partir d'une peau de cabrit mâle et le maké avec une peau de cabrit femelle car ça donne un son plus aigü (le son dépendrait également de la phase de la lune).
Il ne faut pas oublier le boulagel : dans certaines plantations, les tambours avaient été interdit et les esclaves l'avaient remplacés par leur voix.
La danse Gwo ka se découpe en plusieurs formes : les danses de divertissement (n'goka, tumblak, tumblak chiré, léwoz ou léro, mendé ou mindé, woulé, granjanble, kaladja, grojé, mayolé) et les danses de lutte (sové-vaillant, chatoux, koévalin).
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